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EMMANUELLE GRIL

Repenser les Fêtes pour moins s’endetter


ILLUSTRATION ADOBE STOCK

 

Les Fêtes sont le pire moment de l’année pour les familles surendettées, qui, comme Bruno et Jacinthe, éprouvent déjà de grandes difficultés à joindre les deux bouts. D’ailleurs, le couple se demande comment il va faire pour ne pas décevoir les attentes de leurs trois enfants pour Noël, sans dépasser ni même demander une augmentation de sa limite de crédit.

Il y a aussi la question des soupers de famille, généralement bien arrosés, qui se déroulent habituellement chez eux et sont relativement coûteux. Au bout du compte, cette période de réjouissances pourrait bien rendre leur situation financière encore plus précaire.

Une période très émotive

Tout comme Bruno et Jacinthe, beaucoup d’entre nous ne veulent pas rompre avec les traditions, quitte à mettre leurs cartes de crédit largement à contribution. Les syndics sont d’ailleurs bien au fait de cette réalité. « Chaque année, si le mois de décembre est celui où le nombre de nouveaux dossiers pour des finances critiques est le plus bas, en revanche, c’est en mars que leur nombre est le plus élevé.

Ce n’est pas étonnant, car après les Fêtes, les consommateurs jonglent avec les factures à payer avant de finalement s’avouer vaincus et de venir nous consulter », mentionne Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité, président de Jean Fortin et Associés.

Il ajoute que Noël est sans contredit l’une des périodes où les émotions prennent le plus le dessus sur l’esprit rationnel. Pour éviter de se lancer dans des dépenses inconsidérées et se retrouver entraîné dans la spirale de l’endettement, Pierre Fortin recommande donc de se poser les questions suivantes : le bonheur ressenti au réveillon durera-t-il toute l’année ? Vous souvenez-vous jusqu’à quand vous avez dû rembourser les cadeaux achetés à Noël l’an dernier ? Avec les intérêts, savez-vous combien vous devrez en mars ou en avril pour un cadeau payé 100 $ en décembre ? Les réponses à ces questions pourraient bien refroidir vos ardeurs dépensières ! Par exemple, il vous faudra huit ans pour rembourser 1000 $ sur votre carte de crédit en n’effectuant que les paiements minimums mensuels, et il vous en coûtera 860 $ en intérêts. Un pensez-y-bien...

Garder le cap

Dans le cas de Bruno et Jacinthe, le syndic leur a recommandé de se montrer très raisonnables durant les Fêtes. « Augmenter leur endettement mettrait en péril le plan de remboursement mis en place pour les libérer de leurs dettes actuelles », souligne Pierre Fortin. Effectuer cette prise de conscience aujourd’hui, avant de se lancer dans les achats et la ronde des repas de famille, leur permettra de garder le cap et mener à bien l’assainissement de leurs finances.

Noël devrait aussi être l’occasion pour les parents d’apprendre à leurs jeunes que ce n’est pas la taille ou le prix du cadeau qui compte, mais bien l’intention derrière. « Noël devrait être la fête de l’amour, et non pas celle du crédit à outrance », rappelle Pierre Fortin

 

CONSEILS

  • Pour limiter les dépenses, préparez un budget cadeaux. Rédigez une liste en inscrivant les noms et les montants que vous souhaitez allouer à chacun.

  • Proposez un échange de cadeaux familial, avec un budget maximum, où chacun ne sera responsable que de l’achat du cadeau d’une seule personne.

  • Pour ne pas continuer à rembourser les cadeaux de Noël jusqu’en été, prenez l’habitude de payer vos achats avec votre carte de débit, et non de crédit.

  • C’est toujours chez vous que se déroulent les repas familiaux du temps des Fêtes ? Plutôt que de vous offrir un cadeau d’hôtesse, demandez à vos invités de contribuer en apportant un plat ou de l’alcool. Une bonne façon de réduire les coûts tout en responsabilisant les convives.


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